"Black dog" de Hu Guan : chienne de vie et flamant rose...

"Black dog" de Hu Guan, actuellement en salles. Hier soir, pour la première fois depuis 6 ou 7 ans, j'ai quitté ma position assise "normale" pour m'avancer légèrement dans le vide au-dessus du fauteuil pour poser mes deux joues sur mes paumes renversées. (quelque chose comme ça... ). Le film m'a emmené dans un tel état de déstabilisation, de foi et de non-foi en l'être humain que j'ai eu envie d'aller derrière l'écran, comprendre ce mystère. Le film est dédié au père du réalisateur, on l'apprend au générique de fin. Quel film fantastique ! Quelle économie de mots sans qu'à aucun moment on se dise "Mais s'il-vous-plaît parlez !". Le film ne se résume pas qu'à l'apprivoisement entre un humain mutique et marqué et un chien possiblement condamné. Il est question de la folie (idiote) que peuvent entraîner des manifestations mercantiles comme les jeux olympiques... Le film a des influences : Michelangelo Antonioni, un peu. Et puis, au bout de quelques minutes, j'ai remarqué un insert de "Pink Floyd the wall", le film d'Alan Parker, sur le mur de la maison du héros. A la fin, quand "Hey you" du groupe anglais (seule concession occidentale du film), on entendait voler une mouche dans la salle. Il y avait très très longtemps que je ne m'étais pas senti faire partie d'une communauté silencieuse de spectateurs/trices, découvrant en direct une histoire si grande...

Pierre Gaffié, 19 Mars 2025